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Quel avenir pour la culture?

Publié dans Chronique,iPod+iTunes par sylvain le 5 juillet 2006

Maintenant que la loi DADVSI viens d’être adoptée par l’Assemblée Nationale on ne peux que remettre en question l’avenir réservé à notre culture. J’ai toujours considéré la numérisation comme un élément clef pour préserver notre patrimoine pour les générations futures. Un object numérique a l’avantage de pouvoir être copié autant que nécessaire sans introduire de perte d’information. Mais cette promesse contient le germe de sa propre destruction.

Alors que notre culture contemporaine se dématérialise à tout vas, quelle trace va t’elle pouvoir laisser aux générations futures si elles n’ont pas moyen d’y accéder?

Quel problème pour l’avenir?

La copie infinie n’est sans nul doute pas la meilleure publicité pour s’attirer la sympathie des ayants droits et des producteurs de contenus, tous frileux de voir leurs contenus piratés à grande échelle. On ne peut que comprendre cette inquiétude, cependant fallait-il pour autant vérouiller par des DRM l’accès a des biens culturels?

L’archéologue de demain devra surmonter un défi technique pour être capable de consulter nos archives électroniques. Alors qu’aujourd’hui il suffit de retrouver un manuscrit, de le restaurer et d’en déchiffrer de contenu, demain il faudra:

  1. être capable d’identifier le support comme étant un support de contenu: Frederik Pohl a très bien illustré cette idée dans la sage des Heechees où des artifacts que l’on prend pour des éventails à prière se révellent êtres des systèmes de stockage de données.
  2. extraire le contenu binaire (quantique demain ?) pour enfin identifier le type de données et le format de stockage utilisé.
  3. décoder enfin les données pour reconstruire le document original.

Si cela semble encore très similaire au travail actuel d’un archéologue, la complexité n’est pas du même ordre du simple fait de l’empilement de technologies et du haut degré de spécialisation qui sera nécessaire pour franchir une de ces étapes.

En effet, un support numérique ne peut être déchiffré directement. Pour simplement accéder à un fichier sur un disque dur il faudrait être capable d’identifier:

  1. le type de support et la technologie physique de stockage;
  2. le format de stockage utilisé, un technicient parlerait de système de gestion de fichiers;
  3. la localisation des fichiers en identifiant la topologie de stockage (dossiers, sous-dossiers et fichiers).

Un niveau de complexité supplémentaire viens s’ajouter si l’on tiens compte du fait que certains fichiers sont eux-mêmes des contenants (archives, images-disques, etc.) dont le format de stockage peut lui aussi varier.
Mais tout cela n’est presque rien. Entre en scène une nouvelle variable: le chiffrement. En effet, les systèmes d’exploitation offrent maintenant presque tous des systèmes de sécurisation des données par des procédés de chiffrement très élaborés.

Windows permet de chiffrer tout ou partir d’un disque. Mac OS X permet lui aussi de chiffrer son dossier personnel ou de créer des images disques cryptées. Tous ces niveaux sont arbitrairement emboitables, augmentant d’autant la difficulté de mettre à jour le contenu d’un document.

La question des DRMs par la pratique

Nos produits culturels, la musique en tête, se dématérialisent peu à peu et les systèmes de gestion des droits numériques s’intègrent quasi systématiquement dans cette vague.

D’un point de vue commercial je comprend parfaitement que les producteurs et les auteurs tentent de protéger leurs contenus et d’en limiter la copie (car c’est bien là l’objectif). De mon point de vue d’acheteur j’ai plus de mal a vivre avec.

En revanche je n’aime pas ne pas être libre d’utiliser ce que j’ai acheté comme bon me semble.

Par exemple je ne peux pas écouter la musique que j’ai légalement acheté sur l’iTunes Music Store sur tous les systèmes que j’utilise. Avec un morceau acheté légalement je peut:

  • Écouter ma musique sur mes postes PC et Mac que j’autorise. Cela reste raisonnable puisque je peut autoriser cinq machines et retirer facilement les droits. Ceci devrait suffire à la plupart des utilisateurs.
  • Je peux facilement graver une liste de lecture sur un CD audio. Le nombre de gravure est limité, mais devrait encore suffire puisqu’une même liste peut être gravée sept fois.

Je ne peut écouter ma musique que sur un baladeur iPod. Là les choses commencent à se gâter car tout le monde n’a pas envie d’acheter un iPod.

Il est facile de me répondre que les DRMs d’Apple ne sont pas assez ouverts et que je n’ai qu’à acheter de la musique protégée par les DRMs de Microsoft. Cette réponse n’en est pas une pour au moins une raison: les DRMs Microsoft ne sont pas supportés sur autre chose que Windows. De plus j’aime la simplicité des DRMs Apple Fairplay et je n’aime pas la complexité de ceux de Microsoft qui permettent de faire varier les droits accordés sur chaque morceau acheté. Une simple recherche permet de prendre l’ampleur des difficultés que même un utilisateur averti peut rencontrer.

Pour revenir à ma musique acheté légalement, il ne m’est pas possible de transférer un morceau sur mon téléphone simplement parce-que les DRMs ne sont pas supportés. Si je veux une sonnerie personnalisée je dois acheter mon morceau une seconde fois sur un autre site de vente, celui de mon opérateur en l’occurence…

Alors, ais-je acheté ma musique ou est-elle en location?

Le problème qui m’intéresse est celui de la pérénité des données. Que deviens ma musique si le service iTunes disparrait, ce qu’il ne manquera pas de faire à long terme. Que puis-je faire de ma musique protégée par Windows DRM sir je change d’ordinateur?

Les solutions que nous proposent Apple et Microsft ne sont aujourd’hui que des solutions à court terme. Rien ne garanti plus le leg de biens culturels de génération en génération.

Nous somme pour l’instant dans un mode consumériste qui ignore sans vergogne le long terme au profit d’un système économique s’appuyant sur la consommation de masse pour tous les biens. Le concept même de propriété est progressivement mis en cause et remplacé par la location des biens.

Ce modèle remet même en cause le principe des médithèques et demain surement celui des bibliothèques.

Une solution est-elle possible?

Inutile de réver, les DRM sont avec nous et pour longtemps. Seul le développement de modèles alternatifs, comme les licences Creatives Common, peut nous les faire éviter. Mais je doute que cette solution puisse s’appliquer à toute la production culturelle.

Pour tout ce qui va resté protégé par des DRMs, reste à imposer une solution ouverte et indépendante d’Apple ou Microsoft. Sun pousse un solution ouverte. L’ouverture du format et des protocoles reste la seule solution qui soit viable à long terme. Toutes les solutions propriétaires ne peuvent que se voir frapper d’obsolescence et finir dans l’oubli.

Il est vital pour l’avenir de notre culture qu’une solution ouverte s’impose rapidement avant que le marché ne dicte sa loi au public et que l’héritage culturel d’une époque ne soit voué à l’effacement.

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